Dans les années 60, l’Europe et notamment la France doivent retrouver une industrie aéronautique. Le défi est lancé, les meilleurs ingénieurs dont Roger Béteille et ses cravates blanches sur chemises blanches, Pierre Satre et le pilote d’essai Pierre Nadot, et toutes les forces vives sont mises à contribution pour reconquérir ce marché hautement stratégique.

 

 

Les efforts et le talent pur feront la différence pour donner naissance à un engin racé, élégant et surtout extrêmement confortable : La Caravelle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

De Gaulle, qui en était fier, prononça un discours à Toulouse au sein de Sud aviation (La Société Nationale des Constructions aéronautiques, première entreprise aéronautique de l’Europe occidentale avec en 1964, 24 500 salariés) en posant les qualités de cet avion novateur, « la rapide, la sûre, la douce Caravelle » : 

Et puis c’est vous tous messieurs, et vous toutes aussi mesdames, ici réunis, qui m’impressionnez ! Vous avez de la chance, parce que, avec ce que sont inévitablement vos soucis, vos ennuis, souvent vos peines, cependant vous faites partie d’une grande œuvre, vous avez un beau, un grand travail à accomplir ensemble. Vous réussissez, il sort de chez vous en exemplaires de plus en plus nombreux, la rapide, la sûre, la douce Caravelle, qui s’en va par le ciel, et bientôt dans tous les pays du monde pour représenter la France… Ce qu’elle sait faire quand elle le veut, et quand ses enfants se mettent ensemble pour l’accomplir… »     

Des caractéristiques uniques pour son temps :

  • Premier avion civil bi-réacteur produit en série, positionnés dans des nacelles à l’arrière du fuselage. Cela permet de diminuer grandement les désagréments liés au bruit et aux vibrations dans le cockpit et la cabine, ce que feront remarquer les pilotes d’essais habitués notamment aux avions militaires.

 

Ce projet donna l’impulsion nécessaire pour croire en cette industrie française et bientôt la développer.

La Caravelle selon Georges Héreil, président de la SNCASE, devenue Sud Aviation en 1957, la baptisa de ce nom en hommage à la flotte de Christophe Colomb qui allait découvrir le « Nouveau Monde ». On imagine aisément la volonté et l’assurance affichée de vouloir conquérir des parts de marché avec cet avion avec en ligne de mire les amériques.

 

 

Néanmoins, cet exploit technologique allait créer envie et jalousie.

Si dans un premier temps, la Douglas Aircraft Company semble euphorique à l’idée de s’allier avec les français pour développer une license et sa distribution aux Etats-Unis, que les compagnies American Airlines et Continental Airlines affichent un intérêt appuyé pour acquérir la Caravelle, les commandes ne furent jamais passées et l’association avec les américains fut stoppée étrangement. En effet, ils gagnèrent du temps, scrutèrent et analysèrent l’avion en toute tranquillité pendant sa présence sur le sol américain pour sa remotorisation.

Ainsi, sur la base des travaux des français et largement inspiré de la Caravelle naquit le DC-9. Le Boeing 727 termina de la reléguer à l’Europe et l’Afrique. De cet échec fâcheux et surtout mercantile, les français en retirèrent des leçons : il fallait absolument se doter d’un secteur commercial performant au sein de notre industrie aéronautique pour contrer l’hégémonie américaine.

De plus, beaucoup s’interrogèrent sur le silence et le peu d’entrain des multiples gouvernements à défendre et vendre la Caravelle à l’international. Il faut savoir qu’à cette époque, nos dirigeants, secrètement, travaillaient sur le futur consortium Airbus et le mythique Concorde ! En bref, les français décidèrent de sacrifier la Caravelle pour aller plus vite, plus haut, pour être plus fort en misant sur l’avion supersonique civil et se donner les moyens de créer une entreprise puissante européenne !

En bref :

Ce qu’on aime chez la Caravelle :

  • Premier avion civil moyen-courrier à moteur à réaction qui va reléguer définitivement les avions à hélice au rang d’un passé glorieux. Désormais, les compagnies aériennes proposeront des vols plus haut pour plus de confort, plus vite grâce à la motorisation et plus loin… L’aviation commerciale vient définitivement de se transformer.
  • Une cabine pressurisée et des moteurs à réactions placés dans des nacelles offrant un bien-être nouveau pour l’équipage et les passagers minimisant le bruit et les vibrations. 

 

  • Un servocommande (commande hydraulique) offrant un plaisir révolutionnaire pour les pilotes et une stabilité encore peu commune, garantie par un effort artificiel dans le manche pour seconder le commandant.
  • Et l’intégration de l’ancêtre du pilotage automatique qui permet à cet avion de se poser dans des conditions climatiques difficiles. 

 

  • On pouvait embarquer les passagers par la queue de l’avion par un escalier escamotable, repris sur le boeing 727….

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce qui a desservi la Caravelle :

  • A cette époque à Blagnac, aucun réel service de commercialisation n’avait été pensé pour l’international. La Caravelle avait beau être un avion civil d’exception, les français n’avaient pas prévu d’équipes aguerries pour en assurer sa promotion et sa vente….

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

On chargeait les soutes manuellement ce qui empêchait toute idée d’utilisation de conteneurs …

  • La Caravelle pouvait embarquer, selon sa configuration, de 70 à 91 passagers. Le Boeing 727 bientôt en préparation, de 149 à 189 passagers alors que le marché de l’aviation civile se développer d’une manière exponentielle…

Après la mer avec Colomb, l’air avec la Caravelle, Renault s’empare de la dénomination 😉 !